Rapport sur l'état des données ouvertes 2023 : le soutien aux chercheur.e.s reste toujours insuffisant
Interrogeant plus de 6000 chercheur.e.s à travers le monde, le rapport de Digital Science, Figshare et Springer Nature dévoile des défis persistants liés au partage de données ouvertes ainsi que les effets potentiels des nouvelles technologies.
Paris | Londres | Heidelberg, 20 novembre 2023
Dans le huitième rapport annuel sur l'état des données ouvertes publié cette semaine, près des trois quarts des chercheur.e.s interrogé.e.s ont déclaré qu'ils ne bénéficiaient pas du soutien nécessaire pour partager leurs données de manière ouverte. Ces résultats mettent en évidence l’importance d'une collaboration communautaire plus étroite et d'outils pour aider les chercheur.e.s à adopter des pratiques scientifiques ouvertes durables.
Pour les 23 % restants ayant sollicité et reçu un soutien pour le partage de données, celui-ci venait principalement de sources internes (collègue/superviseur - 61 %), suivi par les bibliothèques institutionnelles (31 %), les bureaux de recherche / l'expertise institutionnelle interne (26 %), les éditeurs (21 %) et les organismes de financement (17 %).
« Le rapport sur l'état des données ouvertes constitue une ressource inestimable qui offre un suivi continu des progrès en matière de données ouvertes ainsi que les attitudes et les expériences des chercheur.e.s en matière de partage de données », a déclaré Daniel Hook, PDG de Digital Science. « J'espère que ce rapport permettra aux lecteurs de mieux comprendre non seulement les enjeux et les accomplissements actuels de la communauté scientifique, mais aussi les opportunités qui se présentent pour l'avenir. »
Harsh Jegadeesan, Directeur de la publication chez Springer Nature, a ajouté : « Mieux comprendre les motivations des chercheur.e.s à pratiquer une recherche ouverte nous permet de définir de manière plus précise les rôles que chaque membre de communauté doit jouer pour encourager une recherche plus accessible et exploiter les opportunités offertes par les nouvelles technologies. Assurer un accès facile et ouvert à tous les éléments de la recherche favorise son accessibilité, son utilisation et sa ré-utilisation - des aspects cruciaux pour garantir que les travaux de recherche puissent être mis à profit et bénéficier à celles et ceux qui sont à même d’impulser des changements pour relever les défis les plus complexes au niveau mondial. »
Plus de 6000 chercheurs à travers le monde ont répondu à l’enquête, avec la plus grande proportion de réponses venant d'Inde (12 %), de Chine (11 %) et des États-Unis (9 %). Pour la première fois cette année, nous avons interrogé les répondants sur leur expérience d'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) pour collecter et partager des données. Alors que près des trois quarts des chercheur.e.s interrogé.e.s déclarent n'avoir jamais reçu de soutien pour rendre leurs données librement accessibles, examiner le potentiel des technologies d’IA dans ce domaine pourrait permettre aux parties prenantes de l'écosystème de la recherche de considérer le rôle futur que l'IA pourrait jouer dans le processus de recherche.
Voici les résultats clés pour la France :
- La majorité des répondants travaillent dans la recherche en biologie (25%) et la recherche médicale (21%).
- Ils sont 76 % à soutenir l’idée d’un mandat national pour partager ouvertement les données dans leur pays de travail, un pourcentage plus élevé que celui des autres pays.
- 61% parmi eux ne sont pas au courant ou ne sont pas sûrs de ce qu'est un plan de gestion des données.
- À 63 %, la majorité des répondants basés en France ont indiqué « Trouver le temps pour gérer mes données » comme le principal obstacle pour rendre leurs données de recherche accessibles au public. Juste derrière, 55 % ont exprimé un besoin d'aide pour « Comprendre les politiques de gestion des données ».
- Interrogés sur les défis liés à la mise en œuvre des plans de gestion des données, 44 % des répondants ont souligné que le DMP (Data Management Plan) demandait trop de temps, suivi de près par le manque de personnel formé adéquatement (41 %).
D'autres conclusions clés de l’analyse globale de cette année montrent que :
- 60 % des répondants estiment ne pas recevoir suffisamment de reconnaissance pour le partage de leurs données. La question de la reconnaissance reste une préoccupation constante pour les chercheur.e.s et est un sujet récurrent dans les rapports sur l'état des données ouvertes depuis huit ans.Cela entrave la promotion de la science ouverte et des pratiques durables de partage de données en nuisant aux incitations, à la confiance et à la collaboration.
- Une approche mondiale plus nuancée en matière de gestion des données de recherche est nécessaire - une solution unique ne convient pas à tous. Par exemple, un consensus général en faveur d'un mandat national pour les données de recherche ouvertes (64 %) a été constaté, avec des niveaux de soutien plus élevés chez les répondants en provenance de France (76 %), d'Inde et d'Allemagne (71 % dans les deux cas) par rapport à d'autres pays.
- Le stade de la carrière ne semble pas être un facteur significatif pour la sensibilisation aux données ouvertes ou pour les niveaux de soutien. Cela souligne le besoin d'une sensibilisation plus inclusive lors de l'organisation de discussions, de forums et de panels dans le domaine de la science ouverte.
- La sensibilisation à l'IA ne s'est pas encore traduite par des actions - bien que la majorité des répondants soient conscients des outils d'IA générative pour la collecte de données, le traitement et la création de métadonnées, la plupart ne les utilisent pas encore.
À propos des conclusions de cette année, Graham Smith, responsable du programme des données ouvertes chez Springer Nature, a déclaré : « Les chercheur.e.s ayant récemment publié leurs travaux sont bien plus enclins à partager leurs données, principalement en raison des exigences des organismes de financement, par rapport à ceux ayant publié antérieurement. Chez Springer Nature, nous prenons des mesures concrètes pour encourager les chercheur.e.s à partager leurs données, telles que notre politique de données unique et la déclaration obligatoire de disponibilité des données. Nous estimons que cela permet aux chercheur.e.s de rendre leurs données plus accessibles à des fins de réutilisation et de recherche. »
Mark Hahnel, fondateur et PDG de Figshare, a déclaré : « Cette année, le rapport a mis en lumière à la fois des avancées et des thèmes récurrents. Cependant, nos investigations approfondies ont également examiné si des tendances plus uniformes ou des disparités évidentes se dessinaient dans les réponses selon les pays, les domaines de recherche et les étapes de carrière. Malgré une impulsion mondiale des organismes de financement vers des données FAIR, incitant ainsi les chercheurs à suivre une trajectoire commune, il est crucial de reconnaître les nuances dans les comportements des chercheurs tenant compte de leur contexte individuel. »
Cette année voit également la première publication d'un rapport partenaire du Centre d'information sur les réseaux informatiques de l'Académie chinoise des sciences, portant sur les données ouvertes en Chine. Ce rapport sera publié le 30 novembre 2023.
En tant que partenaire de la communauté scientifique, Springer Nature soutient les nouvelles approches de partage des données et s'engage à faciliter le partage des données. Pour en savoir plus sur l'engagement de Springer Nature en matière de données ouvertes, cliquez ici.
Le rapport complet sur l'état des données ouvertes peut être consulté sur Figshare : (https://doi.org/10.6084/m9.figshare.24428194).
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Notes aux journalistes :
Principales conclusions par thème du rapport :
- 1. L'aide ne parvient pas à ceux qui en ont besoin
Près des trois quarts des répondants à l'enquête ont déclaré n'avoir jamais reçu de soutien pour planifier, gérer ou partager leurs données de recherche, malgré l'importance de ce soutien dans le contexte de l'augmentation mondiale des politiques et des mandats en matière de données ouvertes. Pour ceux qui ont reçu un soutien pour le partage des données, celui-ci provenait le plus souvent de sources informelles telles que des collègues internes ou des superviseurs (61 %). Les autres sources de soutien sur lesquelles les chercheur.e.s pouvaient compter étaient les bibliothèques institutionnelles (31 %), les bureaux de recherche / l'expertise institutionnelle interne (26 %), les éditeurs (21 %) et les organismes de financement (17 %).
- 2. One size does not fit all
Les variations dans les réponses des différentes régions géographiques et disciplines académiques soulignent la nécessité d'une approche plus nuancée du soutien à la gestion des données de recherche. Notamment, un consensus général s'est dégagé en faveur d'un mandat national pour l'ouverture des données de recherche (64 %), les répondants de France (76 %), de l'Inde et de l'Allemagne affichant des niveaux de soutien plus élevés (71 % dans les deux cas) que les autres pays.
- 3. Remettre en question les clichés
Bien que certains puissent croire que les universitaires en fin de carrière sont réticents au progrès, les résultats de l'enquête de 2023 montrent que le niveau de carrière n'est pas un facteur déterminant pour la prise de conscience des données ouvertes ou le niveau de soutien. Cela souligne la nécessité d'une sensibilisation plus inclusive lors de l'organisation de discussions, de forums et de tables rondes dans le domaine de la science ouverte.
- 4. Le manque de reconnaissance continue à poser problème
Pendant huit années consécutives, l'enquête sur l'état des données ouvertes a révélé une préoccupation récurrente chez les chercheur.e.s : le sentiment qu'ils ne reçoivent pas suffisamment de reconnaissance pour le partage de leurs données. En effet, 60 % des répondants estiment ne pas obtenir suffisamment de reconnaissance pour leurs efforts de partage de données.
- 5. Conscience de l'IA, mais faible utilisation
Pour la première fois cette année, les participants à l'enquête ont été invités à indiquer s'ils utilisaient ChatGPT ou des outils d'IA générative similaires pour la collecte, le traitement et la création de métadonnées. La réponse la plus fréquente aux trois questions a été : « Je connais ces outils, mais je n'ai pas envisagé de les utiliser ». Compte tenu de l'évolution rapide des outils d'IA et de leurs applications, le rapport sur l’état des données ouvertes continuera à suivre les développements dans ce domaine dans les prochaines enquêtes.
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Stefanie Tögel | Springer Nature | Communications