Communiqués de presse

Sciences sociales : Les opérations de recherche et de sauvetage ne semblent pas influencer les tentatives de traversée des migrants en Méditerranée centrale

Paris | Londres | Heidelberg, 3 août 2023

Selon une étude de modélisation publiée dans Scientific Reports, les opérations de recherche et de sauvetage des bateaux transportant des migrants en Méditerranée centrale ne semblent pas avoir eu d'incidence sur le nombre de tentatives de traversée entre 2011 et 2020. Ces résultats semblent contredire les affirmations précédentes selon lesquelles les opérations de recherche et de sauvetage ont entraîné une augmentation des tentatives de traversée et un risque accru de décès pour les migrants.

La partie de la mer Méditerranée située entre l'Afrique du Nord et l'Italie est l'un des itinéraires les plus empruntés par les migrants, les réfugiés et les demandeurs d'asile qui tentent d'atteindre l'Europe par la mer. Alejandra Rodríguez Sánchez et ses collègues ont modélisé l'évolution du nombre de tentatives de traversée de la Méditerranée centrale entre 2011 et 2020 en utilisant des données sur le nombre de tentatives de traversée, les bateaux renvoyés en Tunisie et en Libye et les décès documentés de migrants. Les données proviennent de l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (FRONTEX), des garde-côtes tunisiens et libyens, de l'Organisation internationale pour les migrations et de UNITED for Intercultural Action. Les auteurs ont ensuite effectué des simulations à l'aide de leur modèle afin d'identifier les facteurs qui permettaient de prédire au mieux les variations du nombre de traversées observées au cours de cette période. Les facteurs évalués comprenaient le nombre d'opérations de recherche et de sauvetage menées par l'État et le secteur privé, les taux de change, les prix internationaux des matières premières, les taux de chômage, les conflits, la violence, le trafic aérien entre les pays d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Europe, ainsi que les conditions météorologiques.

Les auteurs ont constaté que les opérations de recherche et de sauvetage menées par l'État ou par le secteur privé ne semblaient pas être à l'origine de l'évolution du nombre de traversées maritimes, ce qui indique qu'elles n'incitent pas à de nouvelles tentatives de traversée. Toutefois, le nombre de passages de frontières semble être lié à certains facteurs tels que l'intensité des conflits, les prix des matières premières et les catastrophes naturelles, ainsi que par les conditions météorologiques, les taux de change et le trafic aérien entre les pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient et l'UE. En revanche, l'implication accrue des garde-côtes libyens dans l'interception et le renvoi des bateaux en Libye après 2017 semble avoir entraîné une réduction des tentatives de traversée et pourrait avoir découragé les migrations. Si les interceptions et les renvois de bateaux ont pu réduire le nombre de tentatives de traversée, les auteurs notent que cela a coïncidé avec des rapports faisant état d'une détérioration de la situation des droits de l'homme des migrants potentiels en Libye lors des interceptions et des renvois de bateaux, ainsi que dans les centres de détention.

L'ensemble de ces résultats indique que la migration à travers la Méditerranée centrale entre 2011 et 2020 pourrait avoir été motivée par des facteurs tels que les conflits ou les conditions économiques ou environnementales, plutôt que par des opérations de recherche et de sauvetage. Les auteurs suggèrent que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour étudier les impacts potentiels des opérations de recherche et de sauvetage sur les processus de prise de décision des migrants individuels et des passeurs qui coordonnent les tentatives de traversée.


Article et informations sur l'auteur

Search-and-rescue in the Central Mediterranean Route does not induce migration: Predictive modeling to answer causal queries in migration research

Auteur correspondant :

Alejandra Rodríguez Sánchez

Université de Potsdam, Potsdam, Allemagne

E-mail : rodriguezs@uni-potsdam.de

DOI

10.1038/s41598-023-38119-4

Article en ligne*

https://www.nature.com/articles/s41598-023-38119-4

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